En amour comme à la guerre - Livre 1 : Je n'ai jamais été doué pour faire ce qu'on me disait

En amour comme à la guerre - Livre 1 : Je n'ai jamais été doué pour faire ce qu'on me disait

von: Liz Levoy

DAO Press, 2018

ISBN: 6610000060276 , 80 Seiten

Format: ePUB

Kopierschutz: DRM

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Preis: 2,99 EUR

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En amour comme à la guerre - Livre 1 : Je n'ai jamais été doué pour faire ce qu'on me disait


 

 


Chapitre 1


 

 

Gia

 

Je suis toujours la première arrivée le matin à Oregano et la dernière à partir le soir. C’est comme ça que maman faisait et c’est comme ça que je fais maintenant qu’elle n’est plus là.

Il fait à peine jour dehors et j’allume les lumières au fur et à mesure. Papa et maman ont ouvert ce restaurant italien quand j’étais juste une gamine. En ce temps-là, ils conduisaient depuis la Petite Italie à Manhattan jusqu’à Brooklyn où se trouve le restaurant.

Maintenant, j’habite juste au coin de la rue.

J’entre dans la cuisine et sors les ingrédients pour faire les pâtes, que je fabrique tous les jours parce qu’elles sont tellement différentes des toutes-prêtes. C’est d’ailleurs comme ça qu’on s’est fait connaître alors qu’il existe un million de restos italiens qui ouvrent partout et c’est pour ça qu’on est connu.

À sept heures, Emily arrive suivie de Gus et Zeke. Gus est chauve et arbore une moustache digne de M. Loyal. Il travaille chez nous depuis le début et connaît tous les plats du menu par cœur et je suis pas mal sûre que sans lui, on aurait déjà fermé. Zeke est si jeune qu’on dirait qu’il devrait plutôt être en classe. Je l’ai tiré de la rue et embauché il y a deux mois environ ; il venait de finir sa liberté surveillée et on dirait bien qu’il va rester.

Il y a deux serveuses par équipe et un autre gérant et voilà notre équipe. Elle est petite mais elle marche bien. Je n’ai pas assez d’argent pour employer plus de personnel mais on est comme une famille. Comme on ouvre de bonne heure, deux serveuses commencent à 16h et Lewis remplace aussi Emily. Je ne veux pas les surmener.

Moi, personne ne me permet de souffler depuis que maman a dû prendre sa retraite, mais ça ne me dérange pas.

--B’jour, Gia, dit Emily avant de commencer à descendre les chaises des tables. La salle à manger est fraîche et claire avec ses murs blancs, son plancher en bois et ses rideaux rouges et verts qui rappellent le drapeau italien. Les chaises recouvertes de cuir foncé ont un dossier en bois et les tables sont de la même couleur que le plancher.

--Comment va Ben?, je demande à Emily qui lève les yeux au ciel.

--On s’est séparé hier soir, répond-elle. Vingt-trois ans, à peine trois ans plus jeune que moi, et elle est déjà sortie avec tellement de gars que je m’y perds.

--Un jour, ton prince viendra, lui dis-je sans me soucier de savoir pourquoi ils ont rompu.

--Qu’est-ce que je fais pour les plats du jour alors?, demande Emily. Zeke se joint à nous. Ses cheveux foncés, relevés à l’iroquoise, vont l’embêter toute la journée sous son filet et il a un nouveau piercing – le sourcil, cette fois-ci.

Je débite les soupes et les deux plats principaux du jour. Tous les deux prennent des notes.

--Oh! J’ai parlé à Onwheels hier soir. Ils nous envoient quelqu’un pour les livraisons dans le coin cette semaine.

J’opine. –Tu as parlé à Gus?

Quand ils ne nous préviennent pas qu’on a un nouveau, il y a des problèmes à la cuisine. Gus n’aime pas les intrus et il les chasse sans même leur demander pourquoi ils sont là. Je suppose qu’on a tous des trucs bizarres.

La bousculade du matin commence. On ouvre tôt pour que les gens d’affaires prennent leur expresso et nos fameux bagels «petit-déj». Ce n’est pas tout à fait italien mais il a fallu se moderniser pour devenir populaire. Aux gens d’affaires, nous offrons gratuitement le journal et la promesse d’un rabais quand leur carte de fidélité est toute tamponnée.

Quand ils partent, ce sont les mamans qui, après avoir emmené les enfants à l’école, arrivent avec leurs bambins. On a des crayons et des dessins à colorier imprimés tous les jours pour garder les petits occupés et on propose des salades pour les mamans et des grignotines pour les petits.

À midi, toutes sortes de gens viennent déjeuner et notre menu du pranzo est frais du jour.

Maddie passe la porte, ses cheveux blonds en queue de cheval et elle porte un tailleur impressionnant, tout en rouge et noir. Elle s’assoit à sa table habituelle et Emily lui apporte immédiatement son café et un menu.

Une fois que j’ai fini de vérifier les commandes et que celles-ci entrent et sortent de la cuisine sans problème, je vais m’asseoir à la table de Maddie.

--Toujours aussi occupée, dit-elle en souriant. Ses yeux bleus sont de la couleur d’un ciel d’automne.

--C’est ce que je préfère. Ça me laisse moins de temps mais je sais que j’assure tous les mois.

Maddie opine.

Madison Allen et moi, on est amies depuis le collège universitaire, où on a étudié le commerce ensemble. Elle est directrice d’une compagnie quelconque à Brooklyn. On se voit aussi souvent qu’on peut - à mon resto sinon, je passe du temps avec elle mes jours de congé quand elle doit faire des rapports.

--Comment va ta mère?, me demande-t-elle.

--Aussi bien qu’on peut s’y attendre. Je vais l’installer à Pinevale.

--Je croyais que tu n’avais pas l’argent nécessaire pour Pinevale, fit-elle, sourcils froncés.

Le centre médical de Pinevale est l’un des meilleurs en ville. Maman doit avoir les meilleurs soins possibles – elle n’a pas demandé à être malade et je ne vais en plus l’en punir.

Je hausse les épaules. –C’est Steven qui paie.

Maddie lève les sourcils. –Mon chou, tu crois que c’est une bonne idée?

J’opine. –C’est ce qu’il faut à maman.

Elle secoue à tête. –Je sais qu’elle est malade mais je m’inquiète pour toi. Ça fait beaucoup d’argent tous les mois. Pourquoi est-ce qu’il te le donne ?

Je hausse les épaules. –Je lui plais.

Maddie acquiesce lentement et sirote son café. Je ne lui montre pas que je ne suis pas sûre non plus de cet arrangement. Quand il s’agit de maman, il ne lui faut que le meilleur. De plus, Steven n’est pas un mauvais gars. Il est assis sur un tas d’argent et ça fait trois fois qu’il me le propose. Cette fois-ci, quand elle a commencé à vite régresser, j’ai accepté.

--Tu sais qu’on sort ensemble, en quelque sorte, je fais à Maddie.

--En quelque sorte, c’est le mot clé. Ça m’inquiète que tu vas finir par avoir une dette envers lui.

Je secoue la tête. –Il me dit que je ne dois pas le rembourser.

Je ne parlais pas forcément d’argent.

Je déglutis. Je sais ce qu’elle veut dire. Stevens est plus épris de moi que je ne le suis de lui et c’est peut-être sa façon de me séduire. Mais maman a besoin de soins et puis, c’est quoi le problème de sortir avec un gars bien, pour une fois ?

Dieu sait que j’ai eu pas mal d’échecs auparavant. Je ne change pas aussi vite de gars qu’Emily et depuis Jack, je n’ai pas exactement récupéré.

J’étais sûre que Jack était le bon et j’étais prête à passer ma vie avec lui. Eh bien, parfois, ça ne marche tout simplement pas.

--Fais attention, d’accord?, ajoute Maddie. Mais je suis heureuse pour toi que ta mère se fasse soigner.

Une fois le coup de feu du déjeuner passé et Maddie partie, il y a une petite accalmie et je prends le temps de déjeuner à mon tour. Je sors totalement du restaurant – je ne peux pas me relaxer si je suis trop près – et je marche jusqu’à Irving Square Park. Dans ce parc plein d’arbres et de chemins, je m’assois sur un banc et souffle un peu avant de repartir au restaurant.

Les paroles de Maddie tournent dans ma tête. Et s’il veut plus que ce que je suis prête à lui donner ? Je sais que je compte pour Stevens et je n’ai pas vraiment de relation en ce moment. Ma vie est assez occupée et je n’ai jamais eu besoin d’un homme.

Et après Jack, j’hésite à m’attacher à quelqu’un. Mais Steven est un bon gars et je mérite quelqu’un de bien, de bien comme il faut, qui me donnera tout ce dont j’ai besoin.

Steven possède Jupiter Enterprises, une société qui passe de père en fils depuis trois générations. Ça a quelque chose à voir avec la Bourse mais je ne comprends pas exactement. Je n’ai pas vraiment fait attention quand il me l’a dit et je me sens un peu idiote de le redemander.

Steven est un homme riche, qui sait ce qu’il veut de la vie et travaille pour l’obtenir. Un homme qui a des objectifs, c’est un bon départ. Le fait que je l’intéresse le rend plus séduisant.

Je ferme les yeux. Le soleil me chauffe le visage. L’air résonne du bruit des enfants qui jouent et des gens qui se parlent tranquillement. Non, je me dis, il n’y a aucun problème à voir un gars bien.

Je pensais que Jack était un bon gars et il l’était, bien sûr. Il y eut un temps où j’étais prête à presque tout abandonner pour lui. Mais il est parti. Je ne représentais pas assez pour qu’il reste et ça, ça a fait mal. Etre rejeté, ça fait mal. J’avais vingt ans – jeune et bêtement amoureuse. Si je le rencontrais à nouveau, je me rendrais compte à quel point c’était une erreur. Mais on n’oublie jamais son premier amour.

Les chances de le revoir étaient plutôt minces. Il s’était enrôlé dans l’armée et Dieu sait où il était en ce moment. S’il est encore vivant… Je repousse l’idée; je m’en fiche totalement.

Depuis, je suis célibataire et ça fait quatre ans que je me concentre sur la santé défaillante de maman et sur...